150 artistes sur scène, Eve Ruggieri en récitante invitée, ce show avec l’Opéra national d’Ukraine-Lviv crée l’événement. Franck Dompietrini, son producteur, en dévoile les secrets (article paru sur le site de Paris Match le samedi 6 novembre 2010).
Paris Match. Qui est à l’origine de ce spectacle autour de “Carmina Burana” du compositeur Carl Orff ?
Franck Dompietrini. Grigori Penteleïtchouk, chef d’orchestre français d’origine ukrainienne, a voulu donner un “Carmina Burana” à voir autant qu’à entendre, c’est-à-dire réunir sur scène des musiciens, un ballet, de belles images. Depuis 2005, il est le directeur artistique des Nuits musicales Sainte-Victoire à Peynier près d’Aix-en-Provence. C’est d’ailleurs là-bas qu’en juin dernier a eu lieu la création de ce projet un peu fou. J’ai voulu accompagner cette réussite en tournée.
Pourquoi se lancer dans une tournée des Zénith ?
C’est un pari qui demande un certain engagement : nous n’avons pas de subventions mais des partenaires privés. Vous pouvez imaginer que le budget est compliqué à réunir, que ce soit pour inviter ces 150 artistes qui viennent de Lviv en Ukraine mais également pour proposer des places qui commencent à 20 euros. Nous voulons cibler un public jeune ou familial qui ne va pas dans des salles traditionnelles, les trouvant intimidantes. Dans un Zénith, il n’y a pas de codes vestimentaires, on vient habillé comme on veut.
Vous allez faire hurler les puristes du beau son avec ce choix des grandes salles.
Il n’y pas eu – ou très peu – de réactions négatives de ce public de mélomanes après la première tournée : nous avons réuni 22 000 spectateurs et pas une seule lettre d’insultes est arrivée ! Et puis le fait qu’Eve Ruggieri s’engage, c’est un signe fort. Nous avons tout particulièrement soigné le son en travaillant entre autres avec un ingénieur qui a collaboré avec le Béjart Ballet Lausanne. Il n’y a pas de déperdition en salle, et si le tout est sonorisé, cela ne veut pas dire amplifié. Au premier rang comme au dixième, on doit pouvoir entendre un instrument aussi fragile que le triangle !
Financièrement, combien de spectateurs sont espérés pour que le spectacle soit rentable ?
Lorsque vous avez 200 personnes sur une telle production (musiciens, danseurs, techniciens), la marge d’erreur est réduite : nous devons vendre 2 500 places par représentation. Et je crois que nous dépasserons ce seuil.
Dans quelle mesure Eve Ruggieri intervient-elle ?
Sa présence rassure le public. C’est sa première tournée, si je puis dire. Elle raconte tous les soirs l’histoire de “Carmina Burana”, comme celle de “Carmen Suite” qui ouvre ce programme. Elle n’est pas nécessaire, elle est indispensable à ce grand show classique.
Du 7 au 16 novembre, à Nancy, Strasbourg, Lille, Lyon, Saint-Etienne et Rouen. A Paris les 11 et 15 novembre.
Philippe Noisette – Paris Match
De Carmen à Carmina
C’est sans conteste l’un des plus grands tubes du répertoire classique : « Carmina Burana » est l’œuvre du compositeur Carl Orff. Elle a inspiré, depuis sa création dans les années 30, chorégraphes ou cinéastes. S’appuyant sur des textes en latin, en allemand et en français du XIIIe siècle trouvés dans un monastère à Beuren, ses 24 tableaux racontent un peu de la vie médiévale, avec soprano, baryton, chœur et orgue. Pour cette nouvelle version du chorégraphe Sergej Naenko commandée par le chef Grigori Penteleïtchouk, les images associées à la roue de la fortune sur laquelle « Carmina Burana » repose ont été privilégiées. La danse ici semble un mouvement perpétuel au diapason de la musique. Enfin, l’Opéra national d’Ukraine-Lviv donne en ouverture « Carmen Suite », une variation de la Carmen de Bizet imaginée autrefois par le compositeur russe Rodion Shchedrin pour sa propre femme, la ballerine star Maïa Plissetskaïa du Bolchoï, et le chorégraphe Alberto Alonso. Les étoiles de Lviv, Anastasiya Yusoupova et Evgeniy Svetlica, se l’approprient avec une belle fougue. Et le public de ne pas voir le temps passer. P.N.