France 2 diffusera ce soir une enquête sur l’intercommunalité dans un numéro de l’émission « Envoyé spécial », Maryse Joissains Masini, président de la Communauté du Pays d’Aix et maire d’Aix-en-Provence fait part de ses réserves émises auprès de la direction de la chaîne publique et du CSA sur les méthodes cavalières utilisées par une équipe « très spéciale » de reporters.
Comme le rappelle Maryse Joissains dans un premier courrier adressé à Rémy Pflimlin le 2 août dernier, la demande du journaliste de l’agence Upside était ainsi formulée :
- « Le reportage que je prépare pour l’émission Envoyé Spécial de France 2 s’intéresse à une structure mal connue des Français mais qui a su s’imposer dans le paysage administratif: l’intercommunalité. Je me suis permis de vous appeler car l’Agglomération des Pays d’Aix (sic) correspond à mes critères de recherche: elle est à taille humaine dans un bassin économique plutôt dynamique et située dans un lieu magnifique que connaissent tous les Français et qui se prête bien à un tournage. Ce que j’ambitionne, c’est d’arriver à montrer de façon visuelle et concrète ce que l’Agglomération fait au quotidien, notamment au niveau sportif, culturel, environnemental et de la gestion des déchets. »
Bien loin de ces louanges trompeuses et de l’actualité, au moment du débat sur la métropolisation dans lequel le Pays d’Aix s’est totalement impliqué et qui occupe une place singulière, le synopsis de l’émission propose une approche très différente et polémique sous le titre « L’argent des communes : des économies au gaspillage ».
- « La création des communautés de communes et autres regroupements de collectivités auraient dû permettre de faire faire des économies aux contribuables. Mais entre 2007 et 2013, les impôts locaux n’ont cessé d’augmenter. Enquête sur une strate administrative qui coûte cher. »
« La ville d’Aix et la Communauté du Pays d’Aix qui n’ont pas augmenté les impôts ne peuvent être retenues pour illustrer cette vision de l’intercommunalité », s’insurge Maryse Joissains Masini. « La question des compétences présentée comme devant constituer le coeur de l’enquête parait avoir été reléguée au second plan, laissant le champ libre à un travail inquisitorial sur la gestion des personnels. Ce qui n’est pas, vous en conviendrez, le sujet annoncé! », prévenait-elle déjà dans son courrier du 2 août 2013.
La méthode utilisée « consistant à flatter les interlocuteurs en détournant l’objet annoncé du reportage pour parvenir à ses fins, me parait trahir, de façon perverse, le principe fondamental du contradictoire qui prévaut dans la presse. », dénonce-t-elle, précisant qu’elle a été interviewée dès le début de l’enquête et privée de la possibilité de répondre à ses détracteurs.
« Si je peux comprendre, poursuit-elle, que l’angle choisi par le journaliste pour son sujet puisse évoluer au cours de son reportage, le fait de me donner la parole en amont puis de bâtir la suite du sujet en privilégiant la contradiction me prive de la faculté d’y répondre tout en donnant l’impression au téléspectateur, notamment grâce aux images, qu’une telle opportunité m’a été offerte », proteste-t-elle.
Alors qu’elle a été interviewée en avril, Maryse Joissains Masini, s’interroge par ailleurs sur les intentions cachées de cette émission diffusée à quatre mois des élections municipales « et à un moment, donc, où les écuries affinent leur stratégie, ouvrant la voie aux basses manoeuvres électorales. »
A la suite de ce premier courrier, Maryse Joissains avait écourté ses vacances et un nouveau rendez-vous était pris pour refaire l’interview comme le lui avait proposé le journaliste. Mais à la veille de la rencontre, ce dernier a finalement décliné l’invitation. Maryse Joissains avait alors adressé un second courrier à la direction de la chaîne afin de demander la déprogrammation de l’émission. Lettre restée sans réponse… et sans suite.
Dans ce contexte, Maryse Joissains Masini se réserve le droit d’utiliser toutes les voies de recours à sa disposition si la diffusion de l’émission devait être maintenue.