Témoins de traditions passées, les oratoires sont très répandus en Provence, mais aussi dans toute l’Europe. Probablement héritiers d’anciens temples païens auxquels une niche aurait été ajoutée durant le haut Moyen-Age, ils sont composés d’éléments caractéristiques tels que la croix, la niche, la statue, le fût, etc. Parfois, ce sont de simples niches dans les murs des maisons.
Leur fonction est essentiellement religieuse : leur nom vient d’ailleurs du latin « orare » : prier.
En 2003, un groupe de bénévoles de l’association « Litteralis » a réalisé l’inventaire et l’étude des oratoires de Peynier. Au total 21 monuments ont été recensés sur le territoire communal.
Une partie de ces oratoires faisaient l’objet de traditions aujourd’hui abandonnées. Selon les anciens, des processions réunissant les habitants allaient d’oratoire en oratoire. Ceux-ci, supposés être au nombre de 12 en cercle autour du village, symbolisaient les apôtres du Christ, lui-même représenté par l’église paroissiale Saint-Julien. Toutefois, seulement 9 oratoires peuvent être attribués à cette tradition, dont 5 existent toujours : Saint-Pierre au chemin des Pourraques, Saint-Victor à l’Audiguier, Saint-Roch au rond-point du 8 mai 1945 et les niches Saint-Vincent et Saint-Joseph dans le village.
Un oratoire peut aussi être construit à l’occasion d’un événement plus singulier, comme c’est le cas de l’oratoire Notre-Dame de Lourdes sur la place Yves DOLLO, édifié lors du jubilé de l’Eglise catholique en 1875.
A Branguier, les oratoires sont loin de disparaître. Au contraire, depuis plus de 30 ans, 12 ont été construits. L’oratoire Notre-Dame de Branguier, précédant l’édification de la chapelle, fut construit en 1975 à l’initiative du chanoine Barthelemy pour y donner des messes. Depuis 2001, un chemin de croix a été édifié entre la chapelle et le sommet de la colline de La Cuque, dont chaque station est un oratoire. Aujourd’hui ce chemin compte 14 stations, ce qui porte le nombre d’oratoires sur la commune à 24.
Certes ce nombre est élevé, mais n’oublions pas que plusieurs de ces petits monuments ont disparu, parfois à des époques encore récentes. Ce sont les oratoires de Saint-Etienne au chemin des Pourraques, Notre-Dame au quartier du même nom, Saint-Eloi, ainsi que d’autres dont les vocables ont même été oubliés.
La municipalité a donc décidé de rénover ce patrimoine communal afin de procéder à sa conservation. La commune a pris en charge les travaux avec l’aide financière de la Région Sud, de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix et de l’association « des Amis des Oratoires ».
Avant la Révolution : le chemin des oratoires
Les anciens du village racontent qu’autrefois, bien avant la Révolution, douze oratoires entouraient Peynier, formant un véritable chemin des oratoires. Ils auraient symbolisé les douze apôtres protecteurs du village, l’église paroissiale représentant le Christ.
La croyance populaire a associé à certains de ces oratoires une fonction de sociabilité, certains saints étant les patrons des métiers villageois (maçon, forgeron, berger, menuisier…). Leur vénération donnait lieu à des fêtes annuelles, et à des processions, qui faisaient parfois le tour de l’ensemble des oratoires avant de se rendre à l’église paroissiale.
De ces douze oratoires, cinq subsistent, deux ont été reconstruits récemment, grâce aux recherches entreprises pour sauvegarder ce patrimoine et l’histoire et la tradition de dix d’entre eux est connue.
> Saint-Vincent
> Saint-Joseph
> Saint-Eloi (disparu)
> Notre-Dame-de-Nazareth (disparu)
> Saint-Victor
> Saint-Etienne
> Saint-Pierre
> Saint-Roch
> Sainte-Croix
> Sainte-Anne (disparu)
Les oratoires de la dévotion privée (XIXe au XXIe siècle)
Longtemps après la révolution aucun nouvel oratoire n’est plus construit à Peynier. Le phénomène renaît en 1875, en lien avec plusieurs événements nationaux et internatiaunaux. En 1858 a lieu l’apparition de Lourdes, qui crée un engoument phénoménal au travers du pays. Plus tard, en 1870, à la suite de la guerre contre la Prusse, Napoléon III est renversé, et le Second Empire est remplacé par la IIIe République. Si le nouveau régime est encore dominé par les conservateurs et les monarchistes, les oppositions s’exacerbent, et l’anticléricalisme devient un des fondement des idées républicaines. L’Eglise de France et les croyants cherchent à contenir ce mouvement d’idées. Dans le même temps, en Italie, l’unification du Pays conduit à la disparition des Etats pontificaux, qui appartenaient autrefois au Saint-Siège. Le pape Pie IX, conservateur, se considère alors comme prisonnier à l’intérieur de son palais. En France, les catholiques s’indignent, craignant pour l’indépendance spirituelle du souverain pontife.
Ce contexte explique la caractère particulier qui entoure le jubilé de l’Eglise catholique en 1875. A Peynier, les mouvements cléricaux et conservateurs sont tenus par une descendant des anciens seigneurs, Augustine de Forbin d’Oppède (1815-1902). Connue pour sa grande piété, elle permet à deux congrégations d’ouvrir des écoles libres à Peynier en les installant au château. En 1875, elle fait bâtir un nouvel oratoire dédié à la Vierge, glorifiant son apparition à Lourdes devant Bernadette Soubirous. Si l’oratoire est édifié sur sa propriété dite de la Ferrage (aujourd’hui occupée par le jeu de boules), son soubassement est suffisamment haut pour le hisser à la hauteur de la place Yves Dollo, vers lequel il est tourné, ce qui montre la volonté de conférer une portée publique à ce monument privé.
La comtesse Marie Roselyne de Villeneuve de Bargemon (1863-1933), également descendante des seigneurs de Peynier, est connue pour les œuvres qu’elle a prodiguées en faveur de l’Eglise. Elle hérite de la marquise de Forbin d’Oppède en 1902. Lorsqu’elle décède à son tour en 1933, elle fait don du château de Peynier à l’évêchè de Marseille, qui le confie au chamoine Edmond Barthélemy (1900-1988), issu d’une famille de Peynier.
> Notre-Dame-de-Lourdes
> Sacré-cœur au château
> Notre-Dame de Branguier
> Chemin de croix de Branguier
D’après le travail réalisé par l’association « Litteralis » et publié en 2005 dans un recueil intitulé « Peynier, sur le chemin des oratoires ». Toutes les illustrations sont de Christophe VASCHALDE, qui nous donne l’autorisation de les reproduire.